samedi 15 mars 2008

Philippe Sizaire

Faut que je t’explique, mardi, il y avait une copine qui m’a dit il faut que tu viennes le voir. Alors, pas contrariant, je suis allé le voir.
C’est un type avec qui vient te raconter des histoires, certains te diront que c’est des mensonges, mais ce n’est pas ça le plus important. Alors il est là, un peu comme dans son jardin, pieds nus, détendu sous le projecteur, avec ses cheveux genre grosse frisée sans avoir l’air qui te dirait que des salades.
Mais pas de salade, juste il me raconte des petits riens. Je dis il me raconte, car bien que je ne sois pas tout seul, j’ai tout de suite compris que c’était à moi qu’il s’adressait. Donc il me parle de ces petits riens, comme ces petites galeries de rien du tout qu’explorent les hommes quand ils jouent aux taupes des cavernes.

Je t’explique, il te tire ou t’attire dans le boyau comme tu te retrouverais à essayer de suivre un papillon au fond d’un terrier où ça passe tout juste, juste pour savoir où il va. Et puis d’un coup, paf, tu débouches dans une grande salle, et il te fait visiter. Et figure-toi que c’est rempli de sourires, moustachus ou non, alors toi tu l’attrapes aussi. Et sans que tu l’aies vu vraiment faire, il t’embarque une autre galerie grosse comme…comme une horloge où tu t’engouffres, car les horloges ça fait pas peur !

Et puis la galerie, grosse comme un petit rien, elle s’élargie, s’élargie… Alors il y a une petite robe de printemps qui s’y invite, un vieux, une vieille, l’intégrale de Troyat, l’hivers et même un rond point, alors la salle elle est immense, un monde complet, à te filer des étoiles dans les yeux, mais t’as à peine le temps de t’y installer que tu repars.

C’est ça la speléologique de ce Philippe, quand t’es quelque part, t’y reste jamais trop longtemps. A peine le temps de découvrir une Thérèse qu’est belle, un garçon aussi bonimenteur qu’un arracheur de dents, t’arrives enfin à la voir, tu serais presque bien à côté d’elle que finalement tu retrouves à suivre un billet de 20 euros. Je sais tout ça c’est pas très clair, à peine éclairé par la lumière d’une bougie, mais c’est ça la spéléologique de Philippe.
Il faut que tu comprennes qu’un guide qui a une passion comme la sienne, il peut pas être sédentaire, on diagnostiquera plutôt nomade qui à la bougeotte.

Alors sans t’en rendre compte, le temps est passé et tu dis qu’il va sûrement te remonter à la surface. Mais non, lui pour remonter, il descend encore plus ! Jusqu’à qu’il n’y ait plus de lumière, plus de chemin, plus de gens. Bref me voilà tout seul dans ma tête, tout seul dans le noir, avec rien ou presque rien, juste sa voix. Et c’est déjà mieux que rien du tout. Et quand t’as suffisamment mariné dans ton presque rien, c'est-à-dire pas trop longtemps mais un peu quand même, il t’apporte la sortie. Morceau par morceau, pour que tu te délectes sans en perdre une miette, pour pas que tu oublies où il t’a emmené. Et comme ça, il te redonne un univers complet, il te redonne le début de toute chose, il te redonne le désir.
Alors, quand il a fini de me parler, moi je suis ressorti avec des tonnes d’images dans la tête et un désir celui de peut-être, à l’occasion t’emmener écouter ce Philippe Sizaire.


JB

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